Activision Blizzard
Activision Blizzard : Nouvelles informations sur l’attaque en justice
Suivant notre précédent article au sujet de l’attaque en justice contre Activision Blizzard, le National Legal and Policy Center (Centre national juridique et politique – NLPC) a écrit une lettre demandant à ce que le PDG d’Activision Blizzard, Bobby Kotick, soit retiré du conseil d’administration de Coca-Cola. Adressée au président-directeur général de Coca-Cola, James Quincey, la lettre cite un article du Wall Street Journal paru au début du mois, qui attribue à Kotick l’entière responsabilité des problèmes culturels d’Activision, ainsi que des éléments de l’action en justice du DFEH et la révélation par Jen Oneal qu’elle était moins payée que son co-directeur Mike Ybarra. Terminant par une note qualifiant d’hypocrites les précédentes déclarations politiques de la société Coca-Cola, le centre national juridique et politique estime qu’il s’agit d’une “occasion de faire ce qui est juste”.
Découvrez ci-après la lettre écrite par le National Legal and Policy Center (un actionnaire de Coca-Cola) auprès du Président du conseil et du PDG de cette société :
Monsieur Quincey, vous n’avez pas hésité à impliquer la Société dans des questions de politique publique controversées, même lorsque des parties importantes de nos clients, actionnaires et partenaires commerciaux n’étaient pas d’accord avec vos opinions.
Par exemple, vous avez fait des allégations erronées et incendiaires à propos du gouverneur et de la législature de Géorgie pour avoir adopté la loi sur l’intégrité des élections de 2021. Vous avez qualifié la nouvelle loi d'”inacceptable”.
Le harcèlement sexuel sur le lieu de travail est inacceptable. Il n’existe pas de groupe d’intérêt en faveur du harcèlement sexuel, sauf peut-être parmi les cadres d’entreprise qui se couvrent mutuellement.
Il est temps pour vous de faire face au maintien de Bobby Kotick au sein du conseil d’administration de Coca-Cola.
Sous votre direction, la marque Coca-Cola a été diminuée car vous avez critiqué ce pays et ses institutions, tout en gardant le silence sur le génocide en Chine et les violations des droits de l’homme dans des dizaines de pays où les produits Coca-Cola sont vendus.
Votre hypocrisie n’est pas passée inaperçue. Faire preuve de vertu et se plier aux exigences des militants politiques les plus bruyants ne remplace pas un véritable leadership.
Centre national juridique et politique
Au début du mois, le groupe d’investissement SOC a également demandé à Kotick de quitter son poste de PDG d’Activision Blizzard, mais il est important de reconnaître qu’il s’agit d’investisseurs relativement petits qui cherchent à influencer l’opinion plutôt qu’à provoquer un changement par leur propre pouvoir de vote. Bien que le SOC représente un total de 4,8 millions d’actions d’Activision Blizzard, ce qui peut sembler un chiffre important, cela ne représente qu’environ 0,61 % des 778,9 millions d’actions d’Activision Blizzard. En revanche, la dernière fois que le National Legal and Policy Center a présenté une proposition d’actionnaire, en 2006, il ne détenait qu’environ 52 des 4,32 milliards d’actions de Coca-Cola, soit ~0,0000012 %.
Bien que Coca-Cola n’ait pas réagi, et ne le fera probablement pas étant donné l’influence mineure de la NLPC au sein de l’entreprise, le retrait de Kotick de son conseil d’administration serait une mesure audacieuse et les premières répercussions réelles que nous ayons vues, malgré le nombre d’autres sociétés qui se distancient d’Activision – y compris Xbox, PlayStation et Nintendo of America. Au minimum, cela permettrait certainement à Coca-Cola de s’attirer les faveurs des joueurs, bien plus que sa campagne de marketing “Real Magic”.
Un peu plus tard, les trésoriers d’État ont exprimé leur manque de confiance dans le PDG et le conseil d’administration d’Activision Blizzard.
En effet, six trésoriers d’État ont rejoint la lutte pour le changement de l’entreprise, exprimant leur inquiétude quant à la capacité du Président-directeur-général Bobby Kotick et du conseil d’administration d’instaurer le changement culturel nécessaire pour restaurer la confiance des employés et des actionnaires. Comme l’a rapporté Axios, les trésoriers des États de Californie, du Delaware, de l’Illinois, du Massachusetts, du Nevada et de l’Oregon ont tous demandé à rencontrer Activision avant le 20 décembre afin de discuter de la réponse de l’entreprise aux défis et aux risques d’investissement auxquels Activision est confrontée, indiquant qu’ils considéraient l’appel du groupe d’investissement SOC à évincer le PDG Bobby Kotick et d’autres membres de longue date du conseil d’administration.
“Nous pensons que des changements radicaux doivent être apportés à l’entreprise”, a déclaré Michael Frerichs, trésorier de l’État de l’Illinois, à Axios. “Nous craignons que le PDG actuel et les membres du conseil d’administration n’aient pas les compétences ni la conviction nécessaires pour mettre en place les changements radicaux requis pour transformer leur culture et restaurer la confiance des employés, des actionnaires et de leurs partenaires”, a déclaré M. Frerichs.
“Ce cas particulier attend que le conseil d’administration intervienne et fasse une enquête”, a déclaré Deborah Goldberg, trésorière du Massachusetts, à Axios. “Une véritable enquête, avec un enquêteur extérieur. Et, je veux dire, c’était quoi, il y a deux semaines qu’ils ont dit qu’ils soutenaient le PDG ?”
Axios
Bien que cela montre que même un actionnaire mineur comme le groupe d’investissement SOC peut inciter d’autres personnes à se joindre à son mouvement, nous ne savons pas exactement quel impact cela a en dehors de l’optique générale.
Il ne s’agit que d’une partie des investissements de l’État, et nous n’avons pas trouvé d’informations sur le Massachusetts, le Delaware ou le Nevada, bien que le total de ces fonds d’État ne représente toujours que moins de 1% des actions d’Activision Blizzard.
Afin de continuer sur une nouvelle plus agréable, il y a une semaine, avec le retour de certains employés sur le campus de Blizzard Entertainment à Irvine après leurs congés, la célèbre statue de l’Orc a été nettoyée… avec du feu !
Today at @Blizzard_Ent they are cleaning the orc with FIRE! In case you didn’t know, the only way to clean the orc is to cover it in special liquid (not sure what exactly is used) and use a blow torch! pic.twitter.com/FohQrrt9DW
— Orlando Salvatore (@KirbyAu) 29 novembre 2021
Malheureusement, vous ne verrez pas l’Orc se baigner dans un jet de flamme épique, mais c’est en fait une pratique assez courante.
Durant les jours suivants, lors des Game Awards 2021, (un événement organisé par un conseil composé de plusieurs grandes entreprises de l’industrie du jeu-vidéo, dont le président d’Activision, Rob Kostic – à ne pas confondre avec le PDG Bobby Kotick -) l’animateur Geoff Keighley a déclaré repenser l’implication de l’événement avec Activision Blizzard à la lumière de la récente controverse, rejoignant ainsi une liste croissante de professionnels de l’industrie exprimant leur inquiétude quant à leur relation avec l’éditeur de jeux-vidéo.
M. Keighley a déclaré qu’il réfléchissait à la manière de “gérer” l’implication d’Activision Blizzard dans l’événement, alors que les principaux éditeurs de jeux ont déclaré qu’ils réévaluaient leurs relations avec l’entreprise en raison des allégations de l’action en justice et de celles rapportées dans un récent article du Wall Street Journal.
“Nous voulons soutenir les employés et les développeurs”, a déclaré Keighley, qui a ajouté qu’il soutenait les personnes qui venaient raconter leur histoire, mais qu’il ne voulait pas non plus diminuer les possibilités pour les développeurs de mettre en avant leurs jeux. “Nous devons réfléchir très soigneusement à la façon de procéder ici”.
Le Washington Post
Que ce soit à la suite de ce retour de bâton ou pour prendre le temps de réfléchir, Keighly a ensuite indiqué sur Twitter qu’Activision Blizzard ne participerait pas aux Game Awards au-delà de ses nominations pour Call of Duty dans la catégorie “Meilleur jeu e-sport” et Warzone dans la catégorie “Meilleur jeu continu”, réaffirmant que la cérémonie de remise des prix a pour but de célébrer les jeux et ceux qui ont travaillé à leur développement. Le Post avait déjà confirmé que Diablo 4 et Overwatch 2 ne seraient pas présentés lors de la cérémonie de cette année, il n’y avait donc pas lieu de s’attendre à ce qu’Activision soit présenté ou trop impliqué.
Beyond its nominations, I can confirm that Activision|Blizzard will not be a part of this year’s #TheGameAwards
— Geoff Keighley (@geoffkeighley) 4 décembre 2021
#TheGameAwards is a time of celebration for this industry, the biggest form of entertainment in the world.
— Geoff Keighley (@geoffkeighley) 4 décembre 2021
There is no place for abuse, harassment or predatory practices in any company or any community.
I also realize we have a big platform which can accelerate and inspire change. We are committed to that, but we all need to work together to build a better and a more inclusive environment so everyone feels safe to build the world’s best games.
— Geoff Keighley (@geoffkeighley) 4 décembre 2021
All of us are accountable to this standard.
— Geoff Keighley (@geoffkeighley) 4 décembre 2021
Incredible games — and the talented developers who build them — are who we want to celebrate.
See you on Thursday.
Enfin, le week-end dernier, les développeurs de Call of Duty ont fait une grève après des licenciements surprise chez Raven Software, filiale d’Activision Blizzard.
Activision Blizzard a été confronté à des licenciements, à l’indignation et à une légère lueur d’espoir, après qu’une douzaine d’employés temporaires du studio de développement de Call of Duty, Raven Software, ont eu la surprise de découvrir que leurs contrats ne seraient pas prolongés au cours de la nouvelle année. L’absence d’avertissement et l’approche rapide de la nouvelle date de fin de contrat, le 28 janvier, ont suscité l’indignation immédiate de leurs collègues, qui ont organisé un débrayage pour protester contre la réintégration de leurs collègues. En réponse à un article de Polygon, Activision Publishing a reconnu les départs, précisant que 500 travailleurs temporaires étaient convertis en employés à temps plein, mais au prix de 20 personnes dont le contrat ne serait pas prolongé.
En réponse aux événements de vendredi, l’équipe d’assurance qualité de Raven et d’autres membres du personnel de Raven vont sortir avec une seule demande : Chaque membre de l’équipe d’assurance qualité, y compris ceux qui ont été licenciés vendredi, doit se voir offrir un poste à temps plein. Ceux qui participent à cette manifestation le font en ayant à l’esprit le succès continu du studio. Le département AQ de Raven est essentiel au fonctionnement quotidien du studio dans son ensemble. Mettre fin aux contrats de testeurs performants dans une période de travail et de profit constants met en danger la santé du studio. De plus, ces actions vont directement à l’encontre de la culture positive que Raven a créée au fil des ans. L’objectif final de ce débrayage est d’assurer la croissance continue de Raven en tant que studio et de favoriser une communauté positive pour tous ceux qui y travaillent.
L’équipe d’assurance qualité de Raven Software via Kotaku
La réponse d’Activision Blizzard, qui a annoncé qu’environ 500 travailleurs temporaires allaient devenir des employés à temps plein, est une bonne nouvelle, même s’il est étrange que les 20 employés supprimés semblent provenir principalement d’un studio qui maintient toujours son produit. Il est possible que le studio soit devenu trop important aux yeux de la direction, car le personnel de Raven a augmenté de 50% l’année dernière, mais d’autres sources suggèrent que les tests d’assurance qualité ont été transférés. Peut-être y a-t-il un raisonnement valable caché quelque part… mais personne ne semble en avoir entendu parler.
Activision Publishing accroît son investissement global dans ses ressources de développement et d’exploitation. Nous allons convertir environ 500 travailleurs temporaires en employés à temps plein dans les mois à venir. Malheureusement, dans le cadre de ce changement, nous avons également informé 20 travailleurs temporaires dans les studios que leur contrat ne serait pas prolongé.
Activision Blizzard via Polygon
Bien que la brève déclaration manque de contexte quant à la raison pour laquelle ces 20 personnes sont licenciées, le licenciement d’employés pour payer l’avancement d’autres est une tactique courante dans presque tous les secteurs – en 2019, Activision a tristement supprimé 8 % de ses effectifs pour payer l’augmentation de 20 % de la taille des équipes de développement.
“Je me sens blessé et trahi”, a déclaré un contractant de Raven Software qui a été informé vendredi qu’il avait été licencié. Lui et d’autres contractants de Raven Software ont parlé au Post sous couvert de l’anonymat, affirmant vouloir continuer à travailler dans l’industrie du jeu vidéo. “La majorité des personnes qui ont eu leur réunion ont été licenciées. … Tout le monde s’est entendu dire : ‘Vous n’avez rien fait de mal’, après avoir reçu la mauvaise nouvelle.”
Le Washington Post
Les employés temporaires ont certes obtenu une victoire sous la forme d’une amélioration de leur rémunération et de leurs congés, et l’annonce de la promotion à temps plein de quelque 500 travailleurs temporaires est une excellente nouvelle pour eux, mais la perte de leurs pairs n’est pas oubliée.
We would like to take a moment to celebrate our Treyarch TEA colleagues being shifted to full time employment. This is something we have been advocating for a long time. pic.twitter.com/tOmg57Wu9h
— ABetterABK 💙 ABK Workers Alliance (@ABetterABK) 6 décembre 2021
However, in light of recent events, there is no excuse for the company to lay off 30% of Raven's QA department while simultaneously making all Treyarch TEA's full time employees.
— ABetterABK 💙 ABK Workers Alliance (@ABetterABK) 6 décembre 2021